Si l'efficacité de la vaccination contre les manifestations sévères du COVID-19 aigu a été démontrée à plusieurs reprises (voir Infobox), les preuves de la protection contre le Long COVID n'ont pas été aussi solides. Le 22 novembre 2023, un groupe de recherche suédois a publié la plus grande étude basée sur la population à ce jour, évaluant l'efficacité de la vaccination contre le COVID-19 pour protéger contre le Long COVID. Les chercheurs ont utilisé des données réelles provenant des registres nationaux suédois dans le cadre d'une étude d'observation nationale de la pandémie de COVID-19 en Suède, appelée projet SCIFI-PEARL.
Conception de l'étude
L'étude a analysé les données d'adultes (≥18 ans) résidant dans la région de Stockholm et la région de Västra Götaland, qui représentent environ 40 % de la population suédoise. Le statut vaccinal a été déterminé à partir des données du Registre national suédois des vaccinations.
Les personnes dont le diagnostic de COVID-19 a été enregistré entre décembre 2020 et février 2022 ont été incluses. La période d'étude a été choisie pour coïncider avec la vaccination et le test PCR simultanés en Suède. Les participants ont été suivis à partir de 28 jours après la date d'indexation COVID-19 (date à laquelle l'individu a été enregistré comme ayant le COVID-19) jusqu'au diagnostic Long COVID, la vaccination, la réinfection, le décès, l'émigration, ou la fin du suivi fin novembre 2022. Les participants qui ont été vaccinés, qui ont émigré ou qui sont décédés dans les 28 jours suivant l'infection ont été exclus.
Effet protecteur de la vaccination contre le Long COVID
Au cours de la période d'étude, 649 071 personnes en Suède ont testé positif pour le COVID-19 pour la première fois. Après exclusion, 589 722 personnes répondaient aux critères de l'étude. Parmi la population étudiée, 50,8 % avaient reçu au moins une dose de vaccin contre le COVID-19 avant la date de référence. Les personnes vaccinées étaient plus souvent des femmes, plus âgées et infectées pendant l'ère omicron. Le suivi médian était de 129 jours et la raison la plus fréquente de la fin du suivi était la vaccination. La proportion de diagnostics de Long COVID était trois fois plus élevée chez les personnes non vaccinées que chez les personnes vaccinées avant l'infection (1,4 % contre 0,4 %).
Les personnes non-vaccinées présentent un risque de Long COVID 3,4 fois plus élevé.
Les analyses de sous-groupes ont montré que si la dernière dose reçue par le participant était éloignée dans le temps, l'efficacité du vaccin était légèrement inférieure. Cependant, 600 jours après la vaccination, l'incidence du Long COVID est restée beaucoup plus faible chez les personnes vaccinées que chez les personnes non vaccinées.
Le fait d'avoir reçu au moins une dose de vaccin avant la date index de la COVID-19 était associé à un risque réduit de Long COVID.
Les auteurs ont noté une efficacité vaccinale de 21 % pour une dose, de 59 % pour deux doses et de 73 % pour trois doses ou plus, ce qui signifie que les participants vaccinés avaient jusqu'à 73 % moins de risque relatif de développer un Long COVID. L'efficacité du vaccin contre le Long COVID était significative quelle que soit la gravité de l'infection initiale.
Lorsque l'on compare les personnes ayant reçu au moins une dose, les hommes ont montré une efficacité vaccinale supérieure à celle des femmes (64 % contre 54 %). L'efficacité variait en fonction de la tranche d'âge, la plus élevée étant observée chez les personnes âgées de 55 à 64 ans (69 %) et la plus faible chez les 18-34 ans (28 %). Chez Altea, nous supposons que cette efficacité plus faible chez les jeunes pourrait être liée au fait que les individus jeunes et en bonne santé ont été parmi les derniers à être vaccinés et ont donc reçu moins de doses que les autres groupes d'âge. Comme les auteurs ne commentent pas le faible nombre de doses dans le groupe le plus jeune, une publication de suivi dans laquelle les sous-groupes seraient divisés en fonction du nombre de doses reçues serait d'un grand intérêt.
Enfin, les données ont montré que les réinfections par le COVID-19 pendant la période d'étude étaient trois fois moins fréquent dans le groupe vacciné (1,1 %) que dans le groupe non vacciné (3,3 %).
Conclusion de l'étude
L'étude conclut que le fait de recevoir des doses de vaccin contre le COVID-19 au cours de la première vague de vaccination et avant l'infection est fortement associé à un risque réduit de Long COVID. Cet effet protecteur a également été démontré pour la réinfection. Les résultats soulignent l'importance d'une couverture vaccinale primaire complète, non seulement pour atténuer la gravité du COVID-19 aigu, mais aussi pour alléger le fardeau du Long COVID au sein de la population.
D'autres études indiquent que la vaccination pourrait avoir un effet protecteur et thérapeutique chez les personnes déjà touchées par le Long COVID. Toutefois, des données scientifiques plus solides sont nécessaires. Comme indiqué précédemment dans un entretien avec le professeur Puhan, la vaccination doit être discutée individuellement avec un professionnel de la santé afin de déterminer si l'état de santé le permet ou non.